La connaissance à transférer

Quelles sont les connaissances que nous souhaitons transférer et que nous désirons voir les gens utiliser? Quelles connaissances permettront de réduire le fossé entre la situation actuelle et la situation souhaitée?

La connaissance à transférer devrait avoir été choisie en fonction de besoins particuliers exprimés par le public cible ou l’organisation. Peu importe les connaissances choisies, celles-ci s’intègreront à un degré variable aux valeurs et aux pratiques habituelles de l’organisation. Les connaissances peuvent être catégorisées selon leur type : savoir, savoir-faire ou savoir-être.  

Savoir, savoir-être, savoir-faire

Le « savoir » représente l’ensemble des connaissances théoriques provenant de la recherche, telles celles décrites dans les articles scientifiques, les guides de pratique ou dans les manuels d’instruction.

Le « savoir-faire » quant à lui,  représente le développement de pratiques,  d’habiletés ainsi que de techniques d’intervention.

Finalement, le « savoir-être » correspond à la capacité de réflexion sur soi ainsi que sur les autres, la réaction aux situations qui nous entourent. Il s’agit plutôt d’un savoir axé sur la gestion de soi, sur les valeurs, les croyances et les attitudes. 

Exemple d’une étude de cas - Savoir

« On a monté un protocole et j’ai engagé une professionnelle de recherche qui a fait une recension des écrits sur les dimensions recommandées dans le monde de la littérature pour évaluer une famille. On a fait le tour de la littérature. On a fait vraiment le travail d’identifier tout ce qui devait être compilé, et où dans la littérature c’est indiqué. On a identifié 95 dimensions différentes à évaluer. On a fait une analyse de concepts. On est arrivé à identifier à peu près 16 dimensions qui pouvaient se regrouper en 7 catégories de variables. Sur la base de la recension des écrits, un protocole a été monté. »

Exemple d’une étude de cas - Savoir-faire

« On a déjà vécu cela. Cette personne avait des connaissances incroyables sur l’approche. Il pouvait nous expliquer d’où elle venait, pourquoi c’était important de l’utiliser, les avantages et les inconvénients associés à son utilisation. Mais quand c’était le temps de mettre en pratique l’approche, on dirait qu’il ne savait pas comment faire. Quels gestes faire, comment poser les questions. Transférer des connaissances, c’est transférer du savoir, mais c’est également être capable de mettre en pratique ce savoir. »  

Exemple d’une étude de cas - Savoir-être

« Il ne faut pas oublier, non plus, toute la partie du savoir-être. Ce savoir c’est, par exemple, être capable de bien occuper son rôle en termes d’attitudes et de valeurs, de comprendre sa place dans l’organisation, d’animer un groupe de discussion, de développer des liens de partenariat avec d’autres organisations et d’être capable de bien gérer du temps. »

Quelles activités privilégier?

Certaines activités de TUC facilitent le transfert des savoirs alors que d’autres activités devraient être privilégiées lorsque l’on désire transférer des savoirs-être ou des savoirs-faire. Les savoirs peuvent être facilement transférés à autrui par le biais de la parole ou de l’écriture. Ils sont clairs et précis et ont généralement un niveau de formalisation élevé. Par exemple, alors qu’une formation magistrale peut très bien convenir pour transmettre des savoirs, celle-ci s’avère moins efficace pour le transfert et l’utilisation d’un nouveau savoir-faire.

Les savoirs-faire quant à eux, tout comme les savoirs-être, sont plus faciles à transmettre à de petits groupes. Ces derniers relèvent plutôt de l’intuition et sont beaucoup plus complexes à transférer étant donné leur lien étroit avec l’expérience personnelle. Puisque les savoirs-faire et les savoirs-être sont généralement peu formalisés il sera parfois nécessaire dans un premier temps de les transformer, donc les coucher par écrit afin de les rendre transmissibles et accessibles. Dans un deuxième temps, le transfert de ce type de connaissances est généralement plus efficace par le moyen d’activités où les possibilités d’interactions sont plus grandes (coaching, groupe de codéveloppement, supervision, etc.).

Exemple d’une étude de cas - Transférer le savoir-faire et le savoir-être (passif)

« Il était là à nous expliquer l’outil en détail avec son PowerPoint, mais nous on se demandait : “Mais comment on fait pour l’appliquer avec nos jeunes?”. Oui, OK, je comprends maintenant pourquoi théoriquement on pose telle ou telle question, la validation et la valeur scientifique. Mais il aurait vraiment fallu des mises en situation, qu’il nous coache, que l’on puisse l’utiliser là et qu’il nous dise : “Tu fais bien ça, tu fais mal ça.”. Quand je suis sorti de la rencontre, j’avais l’impression d’avoir appris plein de belles choses théoriques, mais je n’étais vraiment pas sûr de savoir comment l’utiliser l’outil. »

Exemple d’une étude de cas - Transférer le savoir-faire et le savoir-être (interactif)

« Il est important que les activités de transfert puissent former le personnel à acquérir les habiletés techniques, les attitudes à avoir, les façons d’intervenir et d’entrer en relation. Il faut passer par de la mise en pratique, du coaching, des apprentissages en petits groupes, des discussions et de l’accompagnement individuel. Dans ces activités, on est avec une personne qui explique une technique en la reliant directement à un exemple concret et qui nous permet de l’expérimenter.»

Le niveau de validation empirique

Le niveau de validation empirique peut s’avérer un facteur déterminant dans l’adhésion du public cible envers les connaissances à utiliser. En effet, pour certaines personnes, un haut niveau de validation empirique est crucial, alors que pour d’autres, c’est plutôt la validité « pratique » qui est déterminante. Croisée à une analyse des caractéristiques du public cible, l’adéquation avec le niveau de validité empirique peut vous aider à anticiper certaines préoccupations du public cible ou, au contraire, à identifier certains leviers. 

Exemple d’une étude de cas - Nature des connaissances

« Au niveau de la nature des connaissances, ce qu’on a recueilli comme information, c’est qu’il y a une variété quant à la nature des connaissances qui étaient transmises. Il y en avait qui étaient très formalisées et d’autres peu formalisées parce que la connaissance à transférer relevait du savoir-être. Donc, il y avait vraiment un mélange de connaissances. Au même titre, il y avait des connaissances qui étaient très explicites et d’autres qui étaient implicites. Toutefois, la base de tout ça, c’est qu’à travers ça il y avait une forte validité scientifique. »

Adéquation avec les valeurs et les pratiques habituelles de l’organisation

Un dernier élément à considérer a trait à l’arrimage des nouvelles connaissances avec celles acquises dans le passé. Plus l’écart entre les connaissances transférées et les pratiques habituelles est grand, plus le risque de rencontrer des préoccupations chez le public cible augmente. Il ne faut pas oublier que chaque organisation est également porteuse d’un système de valeurs et d’orientations. Ces valeurs ne correspondent pas nécessairement aux valeurs individuelles du public cible, mais elles doivent être prises en considération afin de s’assurer que le changement proposé soit bien arrimé aux besoins et aux intérêts de l’organisation. Il est donc important d’évaluer à quel point les nouvelles connaissances s’intègrent aux pratiques habituelles et aux valeurs organisationnelles déjà en place, et ce, avant même de mettre sur pied des activités de TUC. 

Exemple d’une étude de cas - Adéquation des connaissances

« Les connaissances sont des connaissances scientifiques en partie, mais il faut également prendre en compte les connaissances cliniques. Il faut que les connaissances scientifiques puissent être valides et pertinentes par rapport aux situations cliniques réelles auxquelles sont confrontés les intervenants.»

Pour nous citer: 

Chaire d'étude sur l'application des connaissances dans le domaine des jeunes et de familles en difficulté (2015). "La connaissance à transférer et à utiliser". SACO - Stratégies de transfert et d'utilisation des connaissances. Montréal : Chaire CJM-IU-UQAM d’étude sur l’application des connaissances dans le domaine des jeunes et des familles en difficulté. En ligne : http://www.saco.uqam.ca/demarche/analyser/connaissances-a-transferer (consulté le xx/xx/xxxx).